Le Gaec Biraud-Paillat est l’actionnaire principal de la SAS Démeter-énergies. Véritable opportunité pour le territoire, l’unité de méthanisation a été l’objet de groupes de concertation. La population s’est impliquée. Cinq ans après le début de la démarche, l’outil entrera prochainement en production.

David et Vanessa Paillat, porteurs de projet en cours de réalisation.
David et Vanessa Paillat, porteurs de projet en cours de réalisation. – © Terra

« Ce projet représente notre volonté d’être acteur de notre avenir. Mais quand même, celui-là, il était un peu plus grand que nous ! ». En prononçant ces quelques mots, David et Vanessa Paillat échangent un regard complice. Ils éclatent de rire au souvenir de cette conversation. Ce début 2018, à l’image de Vincent Paillat et Bernard Biraud, associés de David au sein du Gaec Biraud-Paillat, les artisans du projet porté par la SAS Déméter-Energies sont heureux. Mardi 9 janvier, la construction de la future unité de méthanisation a commencé sur la commune de Prin-Deyrançon (Deux-Sèvres). Fin 2018, cinq ans après les premières réflexions, 12 élevages de ce territoire situé entre plaine et marais ne subiront plus la réglementation sur la gestion des effluents d’élevage. Plus de transport à gérer, plus de stockage à organiser. Les exploitants en entrant au capital de la société Démeter-Energies se sont pris en main pour sortir de l’instabilité liée à une réglementation changeante. « Nos exploitations subissent la volatilité. Par le traitement des fumiers et la vente d’électricité, l’unité de méthanisation doit nous permettre de mieux résister », expose David Paillat. 21 000 tonnes de déchets organiques seront valorisées chaque année.

Opportunité pour le territoire

L’outil qui sort de terre à proximité de la petite ville de Mauzé-sur-le-Mignon, d’une puissance installée en cogénération de 499 kW produira 4 200 MWh d’électricité et 4 950 MWh de chaleur.Le projet tel qu’il est construit doit permettre de tout valoriser. L’électricité sera vendue pour être injectée sur le réseau. La chaleur servira notamment au fonctionnement des séchoirs à foin, luzerne et maïs de certaines exploitations mais également au chauffage de quelques bâtiments publics (piscine, collèges…).Souhaitée par les porteurs du projet, cette orientation a été confirmée par les habitants invités ces dernières années à participer à des ateliers de concertation autour de sept axes d’amélioration. « Par le traitement de la matière organique et la production d’énergie renouvelable, un projet de méthanisation est une opportunité pour son territoire », juge David Paillat attaché à ce que ce point de vue soit largement partagé. « Nous avons travaillé avec et en fonction de notre environnement afin que la population s’approprie le projet ». Et d’évoquer la mise en place du financement participatif. Pour financer les 6 millions d’euros que coûte le projet, le Crédit Agricole demandait 700 000 euros d’apports. « 200 000 EUR ont été collectés en deux semaines via la plateforme Enerfip ! », s’étonne encore Vanessa Baudrier-Paillat.

Un emploi dédié

L’unité de méthanisation, qui n’était encore qu’un projet il y a quelques semaines, est aujourd’hui en cours de réalisation. « Mener un tel dossier est très exigeant. La phase de développement demande beaucoup de temps, un suivi administratif minutieux. Rapidement le Gaec Biraud-Paillat a fait le choix de créer un poste dédié ». En 2015, Vanessa, ingénieure agri et épouse de David, s’est engagée dans cette responsabilité. « Nous avons levé un emprunt sans objet pour financer son poste ». Une prise de risque, reconnaît David, convaincu que c’est inévitable. « Chaque partie du dossier est un livre ouvert. Une telle entreprise demande de s’y investir pleinement. Elle ne peut supporter le rythme des saisons que connaît le Gaec », certifie l’exploitant convaincu « qu’il faut se créer ses opportunités. Quand tu es engagé, tu trouves les moyens d’avancer, de lever les contraintes ». Il faut trouver la force d’oser.

Les exploitants ont organisé des réunions de présentation du projet et de concertation avec les riverains. L'ambition était de faire en sorte que les habitants s'approprient le projet.
Les exploitants ont organisé des réunions de présentation du projet et de concertation avec les riverains. L’ambition était de faire en sorte que les habitants s’approprient le projet. – © Terra

Le Gaec Biraud-Paillat

L’exploitation compte trois associés, David et Vincent Paillat et Bernard Biraud. Elle produit 1,2 million de litres de lait avec 120 vaches laitières. Les productions fourragères s’étendent sur 100 ha, les cultures de vente sur 320 ha.

Démeter-Energies

La SAS Déméter-Energies est détenue pour 48 % par le Gaec Biraud-Paillat, 4,4 % par les exploitations qui apportent de la matière, 6,6 % par Vanessa Baudrier-Paillat, et 40 % par des partenaires acteurs du territoire : la laiterie coopérative Terra Lacta, le négociant VSN, Sergie (producteur d’énergie).

 

7 et 8 février : Nantes, capitale du biogaz

Les 7 et 8 février 2018, le salon Biogaz s’installe de nouveau à Nantes, au parc de la Beaujoire, après une petite escapade rennaise. Lors des prochaines éditions, cette alternance entre les deux capitales régionales sera confirmée puisqu’une année sur deux le salon sera breton (2019 et 2021) puis ligérien (2018, 2020, et 2022). Avec 250 exposants venus de 25 pays, cette huitième édition s’installe comme le rendez-vous annuel des spécialistes du biogaz et de la méthanisation en France et en Europe. Ces filières connaissent à la fois un fort développement et une stabilisation de leur cadre technique et réglementaire, ce qui clarifie les conditions de leur développement. Mais leur évolution technologique est loin d’être terminée et le concours des innovations le démontrera encore cette année.Le salon permettra d’ailleurs au travers de différentes conférences de prendre connaissance des tendances de développement.Le 7 février se tiendra une conférence à 14h00 sur le thème de la production de biométhane de 2e et 3e génération… déjà ! Puis à 16h15 une conférence se tiendra sur le thème des perspectives futures pour la valorisation de ce gaz. Le 8 février aura lieu une conférence sur le thème « méthanisation et économie circulaire ». Pendant ces deux jours, les témoignages et les échanges d’expé-riences se multiplieront. Et pour être encore plus pratique et concret, deux circuits de visite sont organisés le mardi 6 février pour visiter en groupe des installations de biogaz en fonctionnement en Vendée et en Maine-et-Loire. De quoi repartir avec des éléments d’information précis.

Jean Dubé – Terra.Réussir.fr